30 Jun Exposition | La calligraphie du confinement
Exposition en ligne
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La calligraphie du confinement
Œuvres calligraphiques des élèves du cours de calligraphie chinoise de l’Institut Confucius de l’Université de Paris
En 2020, l’épidémie a ravagé le monde.
La calligraphie nous a aidé à traverser cette terrible épreuve. Dès le début du confinement, nous avons mis en ligne toutes les semaines une série de cours de calligraphie de plusieurs styles, avec chaque épisode une vidéo de démonstration. C’est grâce à la persévérance de chacun que nous avons eu le courage de maintenir nos cours de manière virtuelle, en toute conscience combien il est important de démontrer in situ le geste calligraphique.
Cette année scolaire chaotique s’achève maintenant. Afin de féliciter nos efforts de surpasser l’obstacle, nous allons montrer, à travers cette exposition sur le thème du « confinement », nos fruits d’apprentissage de la calligraphie chinoise naturellement, mais surtout nos créativités artistiques dans les conditions si déprimantes.
Le monde peut être temporairement confiné, l’esprit reste grandement ouvert à travers l’art !
Chapitre I
La porte fermée, l’hospitalité reportée
Catherine Silavong. Calligraphie en cursive. Extrait du texte Bai shi geng 白石羹 « le potage de cailloux blancs », figurant dans l’ouvrage Shan jia qing gong 山家清供 écrit par Lin Hong 林洪. Texte et traduction :
溪流清處取白小石子,或帶蘚衣者一二十枚,汲泉煮之,味甘於螺,隱然有泉石之氣。
D’un ruisseau limpide ramasser une dizaine ou vingtaine de petits cailloux, certains recouverts de mousse, les faire bouillir dans de l’eau de source, la saveur est plus douce que celle des coquillages, parfumée discrètement de l’odeur de la source et des pierres.
La période du confinement m’a fait penser à l’histoire du conte populaire « La soupe aux cailloux ». A partir d’un caillou et de sa débrouillardise, une personne étrangère à un village va amener chaque villageois à apporter et ajouter un ingrédient supplémentaire à la soupe qu’il prépare. Au final, elle cuisine une délicieuse soupe qu’elle partage avec tous. Le confinement nous a contraints à nous recentrer sur l’essentiel, se protéger physiquement et rester en bonne santé. Cuisiner et prendre le temps de le faire est une façon de prendre soin de soi-même. Préparée à partir de produits de la terre, la soupe est un plat simple qui nourrit, rassasie et réconforte.
Avec la crise sanitaire, les notions de solidarité et de synergie positive mises en avant par le conte ont pris encore plus de sens, comme en témoignent toutes les initiatives d’entraide qui ont émergé pendant cette période. (Catherine Silavong)
Eric Chevobbe. Études calligraphiques de l’inscription sur bronze Da Yu ding 大盂鼎 collées au dos de la porte fermée.
Le caractère ici calligraphié (à gauche) zhao (?) est probablement la version non simplifiée de zhao 召 signifiant dans le sens moderne « convoquer, faire venir ». Dans son étymologie, le caractère est composé de deux formes de main inversées tenant un vase de l’alcool 酉, posant ce dernier sur un appareil de cuisson (un steamer ou une chaudière) 曾, il signifie « préparer un banquet avec de l’alcool en l’honneur des invités », donc le sens original est l’hospitalité.
Da yu ding 大盂鼎. ca. 1003 av. J.-C. Inscription en jinwen. Bronze exhumé en 1849 du village Li, Mei Xian, Shaanxi. Taille du bronze: hauteur 101,9 cm, diamètre à l’ouverture 77,8 cm, poids 153,5 kg. Bronze conservé au Musée national de Chine, Beijing.
Jacqueline Birée. Manuscrit en français et en chinois avec des caractères inspirés des inscriptions sur bronze. Texte du manuscrit :
L’année dernière, le thème de l’exposition était la marche. Cette année, l’invité d’honneur nous empêche de sortir, marcher, gravir la montagne, traverser la rivière…
Il est tout petit, mystérieux, il agit secrètement mais il nous a interdit de voyager, de traverser les frontières. Du nord au sud, dans tous les pays, il est le roi. Il se fait appeler « Je ».
Pour certains, il est une punition envoyée à l’homme qui ne respecte plus la nature. Partout, il apporte la peur car il est suivi par de nombreux deuils. Néanmoins, beaucoup sont courageux et nous défendent. Les soldats sont en alerte dans tous les territoires pendant cette drôle de guerre. D’autres travaillent la terre pour soutenir le peuple. Nombreux sont ceux qui trouvent un appui dans les livres et y apprennent la vertu. Nous rêvons de préparer un banquet pour nos amis et de fêter le bonheur retrouvé. (Jacqueline Birée)
Chapitre II
Intérieur, une réflexion sur soi
Jean-Baptiste Jeannot. Intérieur 内. Photographie avec des découpages de caractères et morceaux de caractères pratiqués lors de cette période de confinement.
Aller à l’atelier de calligraphie, c’était sortir (外) de chez soi, s’extraire de son univers pour vivre quelques heures de calme, de recueillement, de beauté, d’équilibre… et rentrer à la maison en emportant chez soi un peu de cette saveur particulière.
Pendant le confinement, grâce aux cours en ligne, nous avons pu poursuivre notre pratique… à l’intérieur (内)… Ces heures laborieuses passées à répéter encore et toujours le geste calligraphique furent précieuses, elles nous on sorti de nous-mêmes et de « l’enfermement. » (Jean-Baptiste Jeannot)
Catherine Chapoy 单耀枫. Confinement. Calligraphie en régulière. Encre de Chine sur papier. 2 bandes de 140 cm x 31 cm.
Thème « confinement », j’ai immédiatement pensé au caractère 家, « famille ou maison ». Puisque en effet nous étions confinés en famille à la maison. Et nous venions d’apprendre 隔离, le confinement dans le cours de chinois. J’ai essayé de raconter comment j’ai occupé mon temps pendant cette période un peu étrange. Pour les francophones, voici une traduction libre :
Pendant le confinement rester à la maison et coudre des masques.
Calligraphier par soi-même donne également de l’entrain. (Catherine Chapoy)
Edmond Graszk. 齋 Une scène de calligraphie pendant le confinement, avec le fond des caractères pratiqués de Yan Zhenqing.
David Lee Fong. Nei-wai 內-外. Encre sur papier marouflé, 42cm x 65cm.
Cette piste de recherche prend comme point de départ la notion d’intérieur et extérieur, comme le confinement implique forcément d’être à l’intérieur d’un espace. David a pris les caractères nei 内 « intérieur » et wai 外 « intérieur », mais contrairement à la logique apparente, il a mis 外 à l’intérieur, puisqu’il représente la liberté et qui est quasiment étouffé par l’intérieur.
David Lee Fong. Ziji (une réflexion). Encre sur papier marouflé, 43 cm x 60 cm.
Basée sur la notion que le confinement est une opportunité de réfléchir, de méditer, de réfléchir sur toutes sortes de sujets, et notamment sur soi-même – l’occasion rêvée pour l’introspection, David a choisi les caractères 自 et 己 qu’il a tout simplement fait réfléchir comme dans un miroir. En favorisant une technique qui dépend en grande partie l’aléatoire, le résultat est un peu inattendu, comme tout fruit de la réflexion. Il y a même une suggestion de masque figurant sur les gravures de bronze de l’antiquité chinoise.
David Lee Fong. Ziji, Ziyou, Zizai 自己, 自由, 自在. Encre sur papier marouflé, 60 cm x 64 cm.
La notion de liberté est le corollaire du confinement, et tout en poursuivant le concept de soi, l’auteur a choisi les caractères 自己, 自由, 自在 (soi-même, liberté). Le résultat évoque un mandala, un objet de contemplation, méditation et réflexion ; un prisme à travers lequel on peut percevoir le monde.
David Lee Fong. Le cœur dans la cage 心在胸中. Immatériel.
« Comme métaphore de la liberté, une image m’est venue à l’esprit, celle d’un cœur qui bat à l’intérieur de la cage thoracique. Le cœur représente la vie et qui, par sa capacité d’alimenter le corps en oxygène, rend possible la faculté d’agir. Il est confiné dans la cage thoracique, mais il est aussi et surtout protégé par elle, tout comme le confinement est une protection contre la contamination. » (David Lee Fong)
Chapitre III
Songes à la Nature
Michel Ouaniche. I can’t breathe ou l’appel du déconfinement ! Gravure sur lino, frottis de craies conté et gravure sur bois. sur papier coréen washi, 111 cm x 79 cm.
Cette semaine, et sans vouloir rivaliser avec les virologues, les épidémiologistes et les professeurs de médecine, j’ai fait, moi aussi, une découverte majeure sur le coronavirus, même si, hélas, elle n’aura pas de vertu médicinale ! En effet, ce coronavirus n’est-il pas, comme l’insecte (chong) ou comme le vent (Feng) une chose qui a de l’effet (un effet souvent négatif) et qui s’étend partout sans être vu : une chose invisible et nocive, donc ? J’ai en effet ouie dire qu’au temps jadis, on faisait, dans les villages de Chine traditionnelle, des cérémonies au cours desquelles on implorait qu’il n’y ai pas trop de vent, pas trop d’insectes, pas trop de pluie ! (Michel Ouaniche, le 24 avril, 2020)
Joëlle Philibert. Le confinement est un enfermement… La Liberté se gagne, mais il faut savoir la trouver. Calligraphie en cursive des caractères jinbi 禁閉 « confinement » et ziyou 自由 « liberté », sur une peinture de paysage.
Christiane Karaterki. Découpage des brouillons de calligraphie pratiqués pendant le confinement, installation sur les branches à la maison.
Chapitre IV
Déconfinement, un regard en arrière
Danièle Le Coz. Déconfinement. Calligraphie en cursive sur masques en coton.
Fusae Picollet. Leçon du confinement : vie. Calligraphie en cursive sur papier.
Nicole Berthé. Histoire d’un virus. Livre d’artiste, calligraphie en cursive, signes et dessins. 27 cm x 120 cm.
Avec ce livre frise Histoire d’un virus Nicole a cherché à illustrer, d’un côté l’irruption dans nos vies de cette nouvelle maladie (jibing 疾病), le confinement (jinbi 禁閉), le deuil (sang 喪), les larmes (yanlei 眼淚), la solitude (gudu 孤獨) ; de l’autre côté grâce à la lutte acharnée et le dévouement des soignants (yihu renyuan 醫護人員), la solidarité (tuanjie 團結), la famille (jiating 家庭), l’amitié (you 友), nous avons tous retrouvé la guérison (kangfu 康復), le rire (xiao 笑), et au final la liberté (ziyou 自由).
Anne Lamaze. Expérience du confinement : sortir de grotte. Calligraphie, vidéo.
1. Confinement strict : Interdiction de restaurant, de cinéma, de ballade au bois ou dans les parcs, de conversations au bord du canal, interdiction de sortir, fermeture des crèches, des écoles, chômage partiel ou télétravail sauf pour ceux dont on découvre soudain l’importance cruciale, ceux qui nous soignent, ceux qui nous nourrissent, ceux qui nettoient nos rues et vident nos poubelles… Interdiction de sortir sans son « ausweis ». Et toute la journée ces informations mortifères sur le Sars-cov2, le coronavirus, le Covid-19 ,les comptes et décomptes des malades, malades en réanimation, malades décédés. Le nombre augmente, la peur augmente, on n’ose plus sortir, on redoute d’apprendre une mauvaise nouvelle concernant nos proches. Nos proches que l’on ne voit plus, sauf en « appel visio », étrange et frustrant. Le monde est hostile, c’est la nuit noire et tout au fond dans un tout petit rectangle persiste un peu de lumière. (Anne Lamaze)
Anne Lamaze. Expérience du confinement : sortir de grotte. Calligraphie, vidéo.
2. Se libérer : La grotte, la tanière on peut s’y cacher mais on ne peut y demeurer. Il faut s’en libérer pour renaître, pour revenir aux belles choses de la vie. En effet : « Pourquoi faudrait-il quitter un palais sculpté pour une tanière, rejeter un attelage précieux pour une charrette à roues pleines » Sun Guoting. (Anne Lamaze)
Anne Lamaze. Expérience du confinement : sortir de grotte. Calligraphie, vidéo.
3. Fantômes : Blanc couleur du deuil en Chine, bleu douceur, mélancolie. Comment oublier le chagrin de ceux qui n’ont pu accompagner leurs êtres chers jusqu’au bout du chemin ? (Anne Lamaze)
Nicole Bettan. Étude calligraphique d’après le Shu Pu de Sun Guoting. 23 mars 2020. 34,5 cm x 44 cm. Encre de chine sur papier. Ecriture calligraphique minimaliste sur fond noir. Création chaotique et anarchique qui évoque une sensation d’enfermement.
Pendant le confinement, Nicole a écrit dans ses mails :
« Dur dur ! Le confinement c’est dur pour le moral ! » (Le 3 avril 2020)
« J’ai perdu ma petite dextérité qu’il me semblait avoir acquise. Le pinceau fait n’importe quoi !!!!! Vivement que ce virus soit détruit. » (Le 17 avril 2020)
« Mais Il faut réussir à dépasser son conscient (les normes techniques) et laisser s’épanouir le lâcher prise (notre bel inconscient!) et être en forme psychique ! » (Le 15 mai 2020)
Nicole Bettan. Peintures calligraphiques en deux actes. Acte 1 : 20 mai 2020. 60 cm x 80 cm. Technique mixte avec pigments sur toile pour le fond, jets de lumières chromatiques bleu blanc et noir.
Nicole Bettan. Peintures calligraphiques en deux actes. Acte 2 : 26 mai 2020. 60 cm x 80 cm. Calligraphie à l’encre de Chine noir et blanc. Des prémisses de l’acte 1 nait une écriture lisible calligraphique.
Nicole Bettan. Le Shu Pu de Sun Guoting : Entre calligraphie et abstraction. Jeux d’encre calligraphique en quatre séquences. Créés du 26 mai au 10 juin 2020. 46 cm x 114 cm, 46 cm x 137 cm, 46 cm x 155 cm, 46 cm x 148 cm. Jeux d’encre calligraphique sur fond informel pigmenté bleu. Cette couleur de l’infini évoque des impressions d’évasion, de fluidité céleste et aquatique. Ces quatre calligraphies sont annonciatrices d’une ouverture, d’une fenêtre ouverte sur l’horizon, la Vie. Cette vision panoramique pose les prémisses d’une ouverture sur la lumière après le chaos.
Ce travail a été effectué au début du confinement (17 mars 2020) et après le déconfinement (11 mai 2020). Dans ce temps de semi-liberté, je me trouvais enfermée, contrainte par mille précautions, cette vie d’ermite a engendré des pensées sombres qui ont entravées ma création.
La vie, c’est le mouvement, la liberté, et là, tout était immobilisé, statique. Le déconfinement m’a permis de fluidifier mes gestes, de retrouver mon souffle de vie, mon énergie, ma spontanéité et le lâcher prise qui était emprisonné. Les travaux que je présente sur le Shu Pu jouent sur les contrastes :
- de l’informel au formel
- d’une bulle abstraite intuitive, d’une improvisation informelle picturale en couleurs vers le formel, une écriture lisible calligraphique.
Ce jeu de contrastes, entre l’inconscient et le conscient, l’intuition et le contrôle, l’improvisation et la préparation, m’a permis de trouver un équilibre dans mes actes d’écritures calligraphiques. Sun Guoting a écrit dans le Shu Pu en 687 sous la dynastie Tang :
« Les points et les traits, sont substantiels pour l’écriture formelle, l’auteur les transforme en manifestation de son humeur. Au contraire, ils sont l’humeur même dans le cursif, qu’on transforme en substance. Le cursif défiguré n’est plus de l’écriture, mais le formel désintégré reste un récit. Leurs mouvements se croisent dans le même corpus. »
Ainsi, de mon statut d’apprentie artiste en 2020, j’ai souhaité écrire une variation chromatique abstraite du Shu Pu car, pour moi, chaque caractère est une unité picturale et les uns avec les autres forment un ensemble harmonieux et équilibré. (Nicole Bettan, écrit le 9 juin 2020)
Maïté Deroubaix. Calligraphie en régulière du caractère dao 道 « Voie », accompagnée d’un petit haïku suivant :
Un point, un trait, un chemin
Trouver l’harmonie
Ah ! Ne rien chercher (Maïté Deroubaix)
Michel Ouaniche. Un mois de confinement. Installation avec des feuilles de pratique de la calligraphie chinoise pendant le confinement.
S’il y a quelque chose de caractéristique dans le phénomène du Covid-19 et dans le processus de confinement en chaîne qu’il a entraîné, c’est qu’il a brouillé les notions de frontières : par le malin génie d’un virus circulant à vitesse exponentielle à travers le monde, le phénomène de mondialisation, basé sur la libre et folle circulation du capital, des marchandises et des personnes, a brusquement et paradoxalement été réinterrogé, mettant en valeur et révélant, tel un révélateur photographique, les failles d’un système tout autant anarchique (étymologiquement « sans principe ») que débridé.
Comme un château de carte inversé, en un temps record, des limites ont été posées de façon universelle, les États se refermant sur leurs frontières au nom de leur souveraineté, les individus étant appelés les uns les autres à respecter les « gestes-barrières » (comment un geste, appel inconditionnel à l’Autre, peut-il devenir barrière ?), puis à se confiner chez soi pour une période indéterminée.
L’extérieur est alors devenu l’intérieur, et si ex-ister, c’est sortir de soi (et donc sortir de chez soi !), nous avons tous été privés, sur deux longs mois et sous peine d’amendes, d’existence. Le solipsisme (du latin solus, seul et ipse, soi-même), cette attitude philosophique postulant qu’il n’y aurait pour le sujet pensant d’autre réalité que soi-même est alors devenu la norme, norme d’une société fondée en premier et en dernier ressort sur l’individualisme.
Dans l’installation « un mois de confinement » j’ai voulu faire apparaître et questionner cette séparation nouvelle, surgie de la crise, entre l’intérieur et l’extérieur ; comme nous y adjoignaient diverses incitations à produire sur le thème de la « fenêtre ouverte », j’ai souhaité faire advenir l’extérieur à l’intérieur, dans une installation dont je serais, de manière égoïste et comique (un comique de situation), le seul et unique spectateur.
Comme j’ai toujours apprécié le fait de voir se balancer, au gré du vent, dans un espace libre, ouvert et civilisé, papiers et tissus, j’ai souhaité reproduire cet effet de balancement dans mon propre appartement, voulant y voir une marque de légèreté et un espoir de liberté.
De fait, j’ai toujours trouvé un charme fou :
- aux vêtements colorés qui, dans les villes italiennes, sèchent aux façades des immeubles populaires,
- aux petits drapeaux, qui de manière affolée, flottent à l’entrée des villages tibétains,
- aux cerfs-volant mâles et femelles, qui dans le ciel des pays du Sud-Est asiatique, virevoltent et se livrent bataille, à l’arrivée de la saison humide,
- aux tissus indigo, qui sont exposés de manière aérienne à la sortie des teintureries artisanales de Chine.
Dans mon enfance déjà, j’adorais la tradition américaine qui consistait à jeter, de façon hystérique et infantile, du haut des grattes-ciel et dans la tradition du Triomphe Romain, des millions de pages d’annuaires téléphoniques pour fêter le retour d’un grand homme qu’il fut général, aviateur ou astronaute.
J’ai donc repris cette idée du papier flottant à l’air libre et utilisé les rouleaux de papier sur lesquels calligraphiais quotidiennement, pendant le confinement, des caractères chinois, pour témoigner, dans mon « chez moi », de l’extériorité et de la beauté du monde.
La calligraphie, me paraissait particulièrement adaptée à ce genre d’exercice étant basée, dans la dynamique de ses gestes sur les principes taoïstes de la retenue ou, à l’opposé, de la libération et de la circulation de l’énergie.
J’ai donc collé à mon plafond une cinquantaine de mes rouleaux créant ainsi une sorte de forêt esthétique et culturelle ou plutôt, un genre de labyrinthe, dans lequel on a toutes les chances de se perdre mais dont il existe, par bonheur, une issue.
A chacun d’y trouver son fil d’Ariane ! (Michel Ouaniche)
Fin
Bel été et à l’année prochaine !