Études classiques | 行書·黃州寒食詩帖 Calligraphie en semi-cursive : Poèmes de la nourriture froide - Feibai Institute
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Études classiques | 行書·黃州寒食詩帖 Calligraphie en semi-cursive : Poèmes de la nourriture froide

Ceci est une étude calligraphique de la semi-cursive xingshu 行書 sur lHuangzhou hanshi shitie 黃州寒食詩帖 (Calligraphie des poèmes de la nourriture froide à Huangzhou), réalisé en 1082 par Su Shi 蘇軾 (1037-1101) pendant son exil à Huangzhou. c’est un chef-d’oeuvre en calligraphie semi-cursive qui témoigne l’état d’esprit et d’émotion d’un grand lettré dans l’histoire culturelle de la Chine.

Introduction et traduction des poèmes

 

 

Introduction et traduction par Paul Navailh

 

Su Shi 蘇軾 (1037-1101) est né à Meishan 眉山 au Sichuan 四川 et mort à Changzhou 常州 au Jiangsu 江蘇. C’est un lettré-fonctionnaire de la fin des Song du Nord (960-1127), c’est aussi un grand poète, calligraphe et peintre. On l’appelle aussi Su Dongpo 蘇東坡.

La fête de Hanshi 寒食 « nourriture froide, ou, manger froid » qui donne son titre à l’oeuvre, avait lieu début avril. Ce jour-là on n’allumait pas de feu, on ne chauffait pas d’aliments que l’on devait consommer froids, on allait aussi visiter les tombes. Elle tombait la veille de Qingming 清明, une des 24 divisions de l’année jieqi 節氣, « périodes solaires », elles ont été confondues par la suite.

Su Shi s’était opposé aux réformes de Wang Anshi 王安石 (1021-1086), il subit alors un premier exil de 1080 à 1086 dans un poste subalterne à Huangzhou 黃州 au Hubei 湖北. C’est là qu’il composa ces deux poèmes et les écrivit sur cette pièce de calligraphie. C’est un rouleau de 34,2 cm de haut et de 199,5 cm de long, conservé au Musée national du Palais à Taipei. Cette pièce fait partie, selon certains, des dix grandes œuvres calligraphiques chinoise subsistantes.

Ce sont deux poèmes de douze vers chacun. Les vers ont cinq syllabes, avec césure après la deuxième syllabe. Les vers s’articulent deux par deux, en distiques. Su Shi y exprime sa douleur de l’exil et sa solitude loin des siens.

 

Traduction annotée du premier poème :

 

自我來黃州,已過三寒食。

Zì wǒ lái Huángzhōu, yǐ guò sān Hánshí

Depuis que je suis arrivé à Huangzhou,

J’ai déjà passé trois Fêtes de Nourriture froide.

Huangzhou est au Hubei 湖北 , c’est une subdivision de la  ville-préfecture de Huanggang 黄冈市L’adjectif han est polysémique. En plus de son sens premier de « froid », il évoque couramment les sens de pauvreté et de solitude, de dénuement. 

  

年年欲惜春,春去不容惜。

Niánnián yù xī chūn, chūn qù bùróng xī.

Chaque année je voudrais profiter du printemps,

Le printemps s’en va sans me laisser le regretter. 

Xi chun 惜春 : goûter aux beautés du printemps est un thème classique de la poésie. 

 

今年又苦雨,兩月秋蕭瑟。

Jīnnián yòu kǔyǔ, liǎngyuè qiū xiāosè.

Cette année encore je souffre de la pluie,

Deux mois de bruit du vent d’automne.

Xiaose est une onomatopée du bruit du feuillage agité par le vent, un bruissement triste, cette onomatopée a aussi le sens de triste, morne, lugubre.

 

臥聞海棠花,泥污燕支雪。

Wò wén hǎitáng huā, níwū yànzhī xuě.

Couché j’entends les fleurs de haitang,

Du fard rouge et de la neige sur la boue.

Haitang : malus spectabilis, est une variété de pommier ornemental. Le fard et la neige sont des métonymies du rouge et du blanc et une métaphore des fleurs des haitang abattues par la pluie sur la boue. Ce fard rouge appelé yanzhi est écrit ici 燕支, il s’écrit habituellement 胭脂 .

 

暗中偷負去,夜半真有力。

Ànzhōng tōu fù qù, yèbàn zhēn yǒulì.

Emportées secrètement dans l’obscurité,

(Par un être) puissant au milieu de la nuit.

C’est une allusion au Zhuangzi , chapitre 6 : Da zong shi 大宗師  « Le principe, premier maître » qui dit : « Cacher un bateau dans un ravin, cacher une montagne dans un étang paraît sûr, puis au milieu de la nuit quelqu’un de très fort les emporte sur son dos, sans qu’on s’en aperçoive dans notre sommeil. » Cette parabole signifie que l’homme n’est pas maître de son destin, que sa vie est imprévisible. Les deux vers reprennent des mots du passage souligné : 夜半有力者負之而走  yè bàn yǒu lì zhě fù zhī ér zǒu

 

何殊病少年,病起頭已白。

Héshū bìng shàonián, bìngqǐ tóu yǐ bái.

Est-ce différent que d’être malade dans sa jeunesse,

Et de se relever de la maladie, les cheveux blanchis ?

 

Traduction du deuxième poème :

 

春江欲入戶,雨勢來不已。

Chūnjiāng yù rù hù, yǔ shì lái bù yǐ.

Au printemps le fleuve veut entrer dans ma maison,

La pluie tombe sans cesse.

 

小屋如漁舟,濛濛水雲裡。

Xiǎowū rú yúzhōu, méngméng shuǐyún lǐ.

Ma cabane est comme une barque de pêcheur,

Dans le crachin embrumé.

 

空庖煮寒菜,破灶燒濕葦。

Kōng páo zhǔ hán cài, pò zào shāo shī wěi.

Dans la cuisine vide cuisent d’aliments froids,

Dans le foyer en ruines brûlent des roseaux humides.

 

那知是寒食,但見烏銜紙。

Nǎ zhī shì hánshí, dàn jiàn wū xián zhǐ.

Comment savoir que c’est la Fête de Nourriture froide,

Sauf à voir des corbeaux tenant dans leur bec des papiers.

 

君門深九重,墳墓在萬里。

Jūn mén shēn jiǔ chóng, fénmù zài wànlǐ

Les portes de l’Empereur ont neuf épaisseurs,

Les tombes sont à dix-mille li.

 

也擬哭途窮,死灰吹不起。

Yě nǐ kū tú qióng, sǐhuī chuī bù qǐ.

Je pleure comme Ruan Ji à la fin du chemin,

Les cendres mortes ne peuvent se rallumer.

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