Études classiques | Traduction et annotation de Shupu 書譜 (1ère partie) - Feibai Institute
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Études classiques | Traduction et annotation de Shupu 書譜 (1ère partie)

Le Shupu 書譜 « Traité de calligraphie », paru en 687, écrit par par Sun Guoting 孫過庭 (ca. 648-ca. 703), est le premier ouvrage théorique sur la calligraphie chinoise. L’ouvrage même est un chef-d’oeuvre en calligraphie cursive dans lequel l’auteur a pour la première fois lié les conditions intérieures — l’émotion, le sentiment et la personnalité — et les conditions extérieures aux formes de l’art de l’écriture afin de démontrer des gestes techniques complexes. Il a proposé un état idéal de la pratique de la calligraphie : « L’homme et son écriture vieillissent ensemble ».

 

Sun Guoting 孫過庭, Shupu 書譜 “Traité de calligraphie”, détail, 687, rouleau horizontal, encre sur papier, 26,5 x 900,8 cm, calligraphie originale conservée au Musée national du Palais, Taipei. Source : Musée national du Palais.

Texte traduit du chinois classique en français par Paul Navailh.

 

 

夫自古之善書者,

Fū zì gǔ zhī shàn shū zhě,

 

De ceux qui, depuis l’antiquité, maitrisent l’écriture

 

漢魏有鍾張之絕,

Hàn Wèi yǒu Zhōng Zhāng zhī jué,

 

il y a eu, sous les Han et les Wei, l’excellence de  Zhong et de Zhang,

Zhong c’est Zhong You (151 – 230), contemporain des Han. Zhang c’est Zhang Zhi ( ? – 192), qui vécut sous les Wei. Ils sont désignés par leur seul nom de famille.

 

晉末稱二王之妙。

Jìn mò chēng èr Wáng zhī miào.

 

Et, à la fin des Jin, le talent des deux Wang.

Les deux Wang est la façon habituelle de désigner Wang Xizhi (303 – 361) et  son fils Wang Xianzhi (344 – 386). Ils vécurent à la fin des Jin.

 

王羲之云“頃尋諸名書,

Wáng Xīzhī yún “qǐng xún zhū míngshū,

 

Wang Xizhi a dit :

« j’ai recherché récemment des calligraphies de valeur,

 

鍾張信為絕倫,

Zhōng Zhāng xìn wèi juélún,

 

celles de Zhong (You) et de Zhang (Zhi) sont vraiment supérieures,

 

其餘不足觀”

qíyú bùzú guān”

 

le reste ne mérite pas d’être vu. »

 

可謂鍾張云沒,

kě wèi Zhōng Zhāng yún mò,

 

On peut dire qu’après la disparition de Zhong (You) et de Zhang (Zhi),

 

而羲獻繼之。

ér Xī Xiàn jì zhī.

 

Xi et Xian ont pris leur suite.

Ici, Wang Xizhi et Wang Xianzhi sont désignés par Xi et Xian : la première syllabe de leurs prénoms

 

又云“吾書比之鍾張,

Yòu yún “wú shū bǐ zhī Zhōng Zhāng,

 

Il a dit aussi :

« Si je compare ma calligraphie à celles de Zhong (You) et de Zhang (Zhi),

 

鍾當抗行,或謂過之;

zhōng dāng kàng xíng, huò wèi guò zhī;

 

la mienne  égale celle de Zhong (You), certains disent même qu’elle est meilleure.

 

張草猶當雁行。

Zhāng cǎo yóu dāng yànháng.

 

Le caoshu de Zhang (Zhi) dépasse le mien.

 

然張精熟,池水盡墨,

Rán Zhāng jīng shú, chíshuǐ jìn mò,

 

Forcément, Zhang (Zhi) l’a améliorée par sa pratique minutieuse, jusqu’à noircir l’eau de la mare.

La mare noire d’encre est une métaphore courante de la calligraphie.

 

假令寡人耽之若此,

jiǎlìng guǎrén dān zhī ruò cǐ,

 

Si moi, je m’étais appliqué autant que lui

Guaren, apporte la nuance de « moi seul »

 

未必謝之”

Wèibì xiè zhī”

 

il n’est pas dit que je ne l’égalerais pas ».

 

此乃推張邁鍾之意也。

Cǐ nǎi tuī Zhāng mài Zhōng zhī yì yě.

 

Cela signifie que Wang Xizhi se trouvait inférieur à Zhang (Zhi) et supérieur à Zhong (You).

 

考其專擅,

Kǎo qí zhuān shàn,

Quand on examine leurs qualités

 

雖未果於前規;

suī wèiguǒ yú qián guī;

 

bien qu’ils n’égalent pas le modèle des anciens,

 

摭以兼通,

zhí yǐ jiān tōng,

 

ils maîtrisaient tous les styles,

 

故無慚於即事。

gù wú cán yú jí shì.

 

c’est pourquoi ils n’avaient pas à rougir de leur travail.

 

評者云“彼之四賢,古今特絕,

Píngzhě yún “bǐ zhī sì xián, gǔjīn tèjué,

 

Des critiques disent :

« Ces quatre Maîtres surpassent les anciens et des modernes,

Xian est le sage, l’homme vertueux. Les quatre maîtres sont les quatre calligraphes précités : Zhong You, Zhang Zhi, Wang Xizhi, Wang Xianzhi.

 

而今不逮古,古質而今妍”

ér jīn bù dǎi gǔ, gǔ zhì ér jīn yán”

 

or les modernes ne valent pas les anciens.

Les anciens ont de la substance, les modernes ont de l’élégance ».

 

夫質以代興,妍因俗易。

fū zhì yǐ dài xìng, yán yīn sú yì.

 

La substance se développe avec les générations, l’élégance change avec la mode.

 

雖書契之作,適以記言;

Suī shū qì zhī zuò, shì yǐ jì yán;

 

Bien que la création des signes d’écriture fût faite pour noter les paroles,

 

而淳醨一遷,質文三變。

ér chúnlí yī qiān, zhì wén sān biàn.

 

dès que le goût change une fois, la qualité de l’écriture change trois fois.

 

馳騖沿革,物理常然。

Chíwù yángé, wùlǐ cháng rán.

 

Evoluer avec rapidité est la loi innée des choses.

 

貴能古不乖時,

Guì néng gǔ bù guāi shí,

 

Il est précieux de pouvoir imiter les anciens sans s’opposer à son temps,

 

今不同弊,所謂

jīn bù tóng bì, suǒwèi

 

et d’être comme les modernes sans en avoir les défauts.  C’est ce que veut dire :

 

“文質彬彬,然後君子”

“wénzhì bīnbīn, ránhòu jūnzǐ”

 

quand élégance et la substance sont bien proportionnées, alors on trouve un gentilhomme.

Junzi, qu’on peut traduire par gentilhomme ou homme de bien désigne le lettré, l’homme éduqué.

 

何必易雕宮於穴處,

hébì yì diāo gōng yú xuéchù,

 

Pourquoi faudrait-il quitter un palais sculpté pour une tanière,

 

反玉輅於椎輪者乎!

fǎn yùhé yú chuílún zhě hū!

 

rejeter un attelage précieux pour une charrette à roues pleines ?

 

又云“子敬之不及逸少,

Yòu yún “Zijìng zhī bùjí Yìshǎo,

 

Ils (les critiques) disent aussi que  « Zijing est inférieur à Yishao,

Zijing, Yishao sont d’autres noms, respectivement, pour  Wang Xianzhi et son père Wang Xizhi

 

猶逸少之不及鍾張”

yóu Yìshǎo zhī bùjí Zhōng Zhāng”

 

tout comme Yishao est inférieur à Zhong (You) et Zhang (Zhi) ».

 

意者以為 評得其綱紀,

Yì zhě yǐwéi píng dé qí gāngjì,

 

Cela signifie que leurs critiques ne concernent que des généralités,

 

而未詳其始卒也。

ér wèi xiáng qí shǐzú yě.

 

mais n’expliquent pas le pourquoi et le comment.

 

且元常專工于隸書,

Qiě Yuáncháng zhuān gōng yú lìshū,

 

Yuanchang excellait dans le lishu,

Yuanchang est un autre nom de Zhong You. Ce que l’auteur appelle lishu est en fait le kaishu, l’écriture régulière.

 

伯英尤精於草體,

Bóyīng yóu jīng yú cǎotǐ,

 

Boying se distinguait dans le caoti.

Boying est un autre nom de Zhang Zhi. Caoti est l’écriture cursive, l’écriture d’ « herbe »

 

彼之二美,而逸少兼之。

bǐ zhī èr měi, ér Yìshǎo jiānzhī.

 

Chacun avait sa beauté, alors que Yishao maitrisait les deux.

 

擬草則餘真,

Nǐ cǎo zé yú zhēn,

 

L’un  donnait un supplément de zhenshu à son caoshu,

Zhenshu est l’autre nom du kaishu.

 

彼真則長草

bǐ zhēn zé cháng cǎo,

 

l’autre donnait un surplus de caoshu à son zhenshu.

 

雖專工小劣,

suī zhuān gōng xiǎo liè,

 

Bien que (Wang Xizhi) soit un peu inférieur quand il se concentre sur un seul style,

 

而博涉多優。

ér bó shè duō yōu.

 

il a une forte supériorité lorsqu’il embrasse tous les styles.

 

總其終始,匪無乖互。

Zǒng qí zhōngshǐ, fěi wú guāi hù.

 

Pour conclure ce qui précède, (ces critiques) ne sont pas sans contradictions/défauts.